Circonstances du décès

Depuis des années, il était dialysé 3 fois par semaine où il perdait en quatre heures plusieurs kilos, parfois plus de trois kilos. Chaque fois, il était en état de choc "volumétrique" durant le reste de la journée ou de la nuit. Il détestait la dialyse mais il n'avait pas le choix.

Début janvier 2015, il a fait un malaise en montant les marches de l'escalier le conduisant au centre de dialyse de la clinique d'Hornu; et il fut hospitalisé en cardiologie.

Après analyses, on a constaté que son coeur n'était plus suffisamment irrigué et que sa aorte était trop obstruée. En attendant, l'opération chirurgicale à Gilly, pour soutenir son coeur, on lui a placé, à Hornu, un pacemaker. Mais des complications se sont ajoutées (infections et cancer de la vessie). L'opération, pourtant urgente, a donc été reportée plusieurs fois.

Il a donc été hospitalisé durant 4 mois, à Hornu, avant de pouvoir supporter une opération où son coeur s'est arrêté à Gilly durant quatre heures (quintuple pontage coronarien).

Malgré le fait qu'il était un patient "lourd", l'opération fut un succès total. Mais, le chirurgien n'a pas pris le risque de prolonger l'opération pour soigner sa aorte; d'autant plus qu'il n'était pas nécessaire de le réopérer à coeur ouvert. Cette opération pouvait se faire ultérieurement en passant par l'artère fémorale ou par la sous-clavicule.

Après avoir beaucoup insisté, il a accepté de passer le mois de mai en convalescence au CPAS de Mons. Il a détesté cet endroit. Nourriture infecte, WC commun mal entretenu, bruit des autres indigents ... Finalement, il a préféré retourner dans son taudis.

Théoriquement, l'opération a sa aorte devait se faire dans les trois mois après son quintuple pontage. Mais cette opération lui faisait plus peur que la première ! Finalement, en septembre, il est entré en clinique à Hornu pour les analyses pré-opératoires. De nouveau, il a été infecté. Une quinzaine de jours plus tard, à Gilly, l'état de sa aorte s'étant encore aggravé, son chirurgien n'a pas voulu prendre le risque ...

Et, il lui a conseillé d'aller à Saint-Luc. La semaine précédant sa visite à Saint-Luc, il n'avait plus de télévision, sa seule distraction dans son unique pièce. Après vérification, j'ai constaté qu'il n'avait plus payé les factures depuis trois mois ! ( J'ai découvert, plus tard, qu'en réalité, les rats avaient mangé le câble de téléphone. )

Je l'ai conduit le 22 décembre à Saint-Luc, l'opération étant prévue le lendemain. Malheureusement, la tentative d'opération s'est très mal déroulée et la fémorale de sa "bonne" jambe - l'autre étant celle où fut prélevé des veines pour son quintuple pontage - fut gravement endommagée. Faute d'irrigation suffisante, sa jambe droite était en train de pourrir. Le jour de Noël, il fut amputé jusqu'au dessus du genou.

Outre de vives douleurs à sa jambe fantôme, quelques jours plus tard, il a fait une hémorragie interne au niveau de l'estomac, malmené depuis des décennies par des dizaines de médicaments par jour. Il fut envoyé au bloc opératoire en extrême urgence où le chirurgien de garde a réussi à juguler l'hémorragie. Selon lui, s'il n'avait été déjà hospitalisé, il serait décédé durant le transport.

Revenu dans la chambre, le responsable de l'unité de cardiologie l'a prévenu que compte tenu de son état général, il n'y aurait plus d'autres opérations chirurgicales, malgré une nécrose "sèche" à l'orteil de sa jambe restante. Avec son accord écrit, daté et signé, il fut placé en soins palliatifs.

Depuis la Noël, il était continuellement sous morphine. Je l'ai veillé à Saint-Luc durant plusieurs nuits. Une nuit, sa douleur était si vive qu'à sa demande, l'anesthéiste de garde est venu, mais a refusé de lui donner une dose plus forte car elle aurait été léthale. Après plusieurs heures, sa souffrance a diminué.

Le jeudi 21 janvier, il a quitté l'unité de cardiologie de Saint-Luc et est retourné à Hornu pour poursuivre ses soins palliatifs. Le lundi 25 janvier, au matin, conscient, il a demandé à être euthanasié. Il a cessé d'aller à la dialyse. Lundi soir, lors de ma visite, j'ai appris par l'infirmière sa volonté.

Il a été mis sous sédation et morphine. Il ne pouvait plus manger ni boire. Comme il dormait, paisiblement, je suis parti.

Lors de ma seconde visite, mardi soir, j'avais l'impression qu'il suffocait. L'infirmier m'a répondu que sa respiration devait de plus en plus inefficace, qu'il ne souffrait pas et qu'il n'en avait plus pour longtemps.

Le mercredi 27 janvier, à 6h53, la clinique m'a prévenu du décès.