Le vieux moulin à vent

Des hommes l'avaient dressé, rond,
sur le limon
pour qu'il les aide dans la vie;
l'endroit riant
s'ouvrait à la large prairie,
aux vastes champs.

Des familles, souvent nombreuses
et travailleuses,
s'installèrent au fil des ans
dans le village;
se servirent des bras mouvants
du voisinage.

Le moulin a tourné longtemps
sous les bons vents
ses bras ailés des jours heureux,
pour que se brise
le grain tout neuf et vigoureux
de la remise !

L'homme des champs faisait confiance
avec patience
à ce compagnon de travail
qui transformait
le résultat de ses semailles
pour le pain frais !

Un jour, il a paru vanné
d'avoir tourné;
Les engrenages alourdis
par la poussière
Se sont enfermés dans l'oubli
sans vie meunière !

Abandonné dans son silence,
sa déchéance,
Au fil de trop longues années,
il laissa choir
ses bras de vie surannée,
son désespoir !

Seul son tronc, vers le ciel avance
une présence
de briques rudes et patinées,
masse solide,
à notre vision étonnée
et trop rapide !

Coincé entre des murs d'usines
assez voisines,
de formes insolites et démentes,
et la chaussée
surélevée, indifférente
et fréquentée,

il cherche en vain l'air frais du vent,
celui d'antan;
regarde les noires fumées
des environs,
sortir des hautes cheminées
en tourbillons !

Un homme amoureux vint s'asseoir
en ce terroir !
Tourne autour du vieux cône sombre
et esseulé;
Cherche à le retirer de l'ombre,
à l'éveiller !

Soigne les pierres en détresse
et les caresses !
Le moulin portera bientôt
des bras vivants:
l'éolienne des temps nouveaux
ouverte aux vents !

De dernier il prendra la tête
le coeur en fête !...
Il faut repenser l'industrie
pour y voir, clair ...
employer d'autres énergies
Sauver la TERRE !

 

Hugette REGNIER
Cambron St. Vincent - Décembre 1997


Moulin à vent d'Hautrage