Si le Québec décidait d'ouvrir son marché d'électricité de détail, bon nombre de Québécois choisiraient l'énergie éolienne comme source d'énergie et il seraient prêts à payer plus cher pour favoriser cette solution verte. C'est ce qu'indique un sondage Léger & Léger effectué en septembre pour la compagnie Axor, copropriétaire du parc éolien Le Nordais, en Gaspésie.
Selon ce sondage, auprès de 1005 personnes, plus de 85 % des Québécois désirent que leur électricité provienne en tout ou en partie d'un parc éolien. Plus de 50 % des personnes interrogées seraient même prêtes à payer un peu plus cher pour s'en assurer.
Ces données rejoignent un sondage fait pour le compte d'Hydro-Québec en février 1998. Celui-ci déposé à la Régie de l'énergie, indiquait que 85 % des Québécois étaient favorables à ce type d'énergie. Même si leur intérêt baissait en raison des coûts, les deux tiers étaient toujours d'accord pour la développer.
Le sondage d'Axor indique que 51,4 % des personnes interrogées sont prêtes à payer plus pour avoir accèx à de l'énergie éolienne. Parmi eux, 66,7% (34% de l'ensemble des Québécois) accepteraient même une augmentation annuelle de 300 $ ( soit 192 € ) sur leur facture annuelle. Plus de 84 % accepteraient plutôt une hausse de 100 $ (soit 64 €) de celle-ci.
Le potentiel canadien d'énergie éolienne serait de 4500 mégawatts, dont au moins 60 % serait au Québec. Le parc Le Nordais, à Cap Chat et dans trois municipalités près de Matane, compte 133 éoliennes et a une puissance installée de 100 Mégawatts, ce qui en fait un des plus importants au monde. Le parc vend son énergie à Hydro-Québec pour 16 à 18 millions de dollars par année ( soit 10,2 à 11,5 millions € par an ), selon les vents.
Les résultats du sondage, dont la marge d'erreur est de plus ou moins 3,1 %, 19 fois sur 20, ont été envoyés au gouvernement et à Hydro-Québec.
Axor, qui examine d'autres projets à l'étranger et aux Etats-Unis, voulait mesurer, avec le sondage, le niveau de connaissance et l'intérêt des Québécois pour l'énergie éolienne, ainsi que leur intention d'achat. " Si jamais on est déréglementé au Québec, dit le président Yvan Dupont, on pourrait vendre cette énergie verte directement aux consommateurs. Hydro-Québec pourrait même la vendre, aujourd'hui, à un prix plus élevé."
Au Québec, on attend toujours une politique gouvernementale pour cette filière. A l'automne 1998, la Régie de l'énergie a recommandé au gouvernement de fixer sur neuf ans à 50 MW installés la quote-part annuelle d'énergie éolienne à un coût de production de 5,8 cents le kilowattheure (soit 3,76 € les 100 kwh). Le coût de référence des projets hydroélectriques d'Hydro-Québec est de 3 cents/kwh ( soit 1,92 € les 100 kwh ). La Régie croit que c'est au gouvernement d'assumer la différence.
Selon le sondage, 59 % des Québécois jugent que le Québec accuse un retard dans le développement de l'énergie éolienne (*). Mr Dupont note que le taux de croissance de la puissance installée de cette énergie à travers le monde est de 24 à 25 %.
Aux Etats-Unis, le gouvernement accorde un crédit d'impôt aux producteurs d'énergie qui utilisent le vent ou la biomasse. Mr Dupont espère qu'Ottawa inclura des mesures fiscales incitatives similaires dans son prochain budget.
Il ressort aussi du sondage que 89 % des Québécois se préoccupe de la pollution de l'air. Mr Dupont rappelle que Le Nordais permet l'élimination de 250.000 tonnes de CO2 annuellement et contribue ainsi à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés à Kyoto.
Auteur : Lisa BINSSE
La presse, Montréal, mercredi 8 décembre 1999
article envoyé par M. Fischer
Voir aussi :Le plus grand parc éolien du Canada