A l'origine, l'énergie éolienne provient du Soleil. Le flux de rayonnement solaire échauffe inégalement les masses d'air de l'atmosphère, provoquant ainsi des mouvements de masse d'air entre zones de températures et, par suite de pressions, différentes. Environ 2% de l'énergie solaire (3,2 x 1024 Joules /an) est transformée en énergie cinétique des vents (1). De cette énergie, 35% est dissipée dans une couche de 1 km au-dessus du sol. Si on utilisait 10% de cette énergie éolienne, par an, cela correspondrait à:
Energie éolienne = 3,2 x 1024 x 0,02 x 0,35 x 0,1 = 2,24 x 1021 Joules/an,
soit 7 fois la consommation mondiale d'électricité !
Au niveau mondial, l'énergie éolienne est très inégalement répartie. Elle est importante sur les bandes côtières. Dans les zones montagneuses, le vent n'est guère utilisable à cause des turbulences. En un site donné, l'énergie éolienne est quasiment constante à l'échelle de l'année (2). A l'échelle du mois, elle présente de très fortes irrégularités, ce qui présente des inconvénients importants.
A titre indicatif, pour la Belgique, la vitesse moyenne du vent à 10 mètres du sol (3) est de :
Considérons une éolienne dont les pales ont un rayon r.
La surface (m2) balayée est p*r2.
Pour une vitesse v (m/s), la distance parcourue e, en une seconde, sera |v| (m).
Le volume d'air traversant l'éolienne est p*r2*e.
La masse est égale au volume fois sa densité d (kg/m3).
La masse d'air (kg) de vitesse v (m/s) qui passe dans l'éolienne, par
seconde, est donc :
m = p * r2 * e * d
où d est la densité (en kg/m3) de l'air,
soit 1,225 kg/m3 (4),
m est la masse (en kg) d'air ayant traversé l'éolienne en une seconde,
r est le rayon (en m) de la surface balayée par les pales,
et e est l'espace parcouru (en m) par le vent durant une seconde .
Ec = ½ * p * r2 * e * d * v2
P = ½ * p * r2 * v * d * v2
0,5 * 3,14 * 1,225 = 1,924
On s'aperçoit ainsi que la puissance est directement proportionnelle à la surface, mais surtout au cube de la vitesse.
Toutefois, toute l'énergie ne peut être captée. La vitesse du vent n'est pas nulle après son passage dans l'éolienne !
Tenant compte de l'aérodynamique, la puissance maximale Pmax d'une éolienne est donnée par la formule de Betz (Pmax = 16/27 Pa)
Pmax = 1,14 * r2 * v3
soit Pmax/m² = 0,363 V3
La puissance pratique (Pprat) d'une éolienne est inférieure à Pmax. Ceci est dû au fait que, du vent à la distribution sur le réseau, il y a plusieurs étapes de conversion d'énergie, chacune avec un rendement propre : hélice (85%), multiplicateur (95%), générateur (98%), transformateur (98%) - redresseur (98%), stockage, distribution. Bref, le rendement optimal est de 70 à 60%.
Cependant, en pratique, tous les organes ne sont pas à leur rendement maximum en même temps, ce qui réduit encore le rendement global. On considère celui entre 55 - 50% pour une éolienne "industrielle" et 40 - 25 % pour une éolienne "artisanale"
Le vent étant très irrégulier, les éoliennes sont dotées d'un système de régulation (pas variable) permettant de garder une vitesse de rotation plus constante. Cette vitesse-seuil dépend de l'éolienne. Elle est de l'ordre de :
A cette vitesse-seuil (ou nominale, Vn), correspond une puissance nominale (Pn) de l'éolienne. C'est la puissance donnée par les constructeurs. Ainsi, l'éolienne " industrielle " débite quasiment autant d'électricité par un vent de 12,5 m/s que par un vent de 25 m/s.
A titre exemplatif,
voir courbe de puissance de l'E40 et
la courbe de rendement de l'E40
Une perte énorme, à première vue ... (vitesse double, puissance au cube de la vitesse, 800 % de perte !). Mais, une machine capable de récupérer 8 fois plus d'énergie devrait être 8 fois plus résistante, pour des vents peu fréquents. Récupérer ces éphémères 800 % n'est pas rentable !
L'éolienne la plus rentable sera celle qui, à coût égal, produira le plus de kWh par an. La puissance est une chose, l'énergie en est une autre. Le rapport entre l'energie (kWh) et la puissance (kW), c'est le temps ... (h), durant lequel on dispose de cette puissance.
Le temps durant lequel l'éolienne travaille à cette puissance nominale dépend de l'emplacement du site. Ce temps varie entre 2.000 heures (Allemagne, site continental) et 3.000 heures (Irlande, Ecosse, site côtier) par an.
Ainsi, en Belgique une éolienne moyenne, ayant des pales de 5 m, ayant une puissance nominale de (0,45 * 52 * 103 = 11.250 Watts =) 11,25 kW devrait fournir 2.000 h * 11,25 kW = 22.500 kWh /an. Cependant, si durant ces 2.000 heures la vitesse moyenne est de 8 m/s, la production sera réduite de moitié, la puissance étant au cube de la vitesse.
Les vitesses moyennes "annuelles" du vent sont trompeuses !
Des sites ayant une même vitesse moyenne (par exemple 5 m/s) peuvent avoir des performances très différentes.
Cela pourrait signifier théoriquement, au niveau de la fréquence :
Au niveau de la production d'électricité, les écarts respectifs sont très significatifs ...
En pratique, cependant, deux limites ne doivent pas être perdues de vue : la vitesse de "démarrage" et celle "d'arrêt". Pour des éoliennes moyennes, ces valeurs sont de l'ordre de 3 m/s et de 25 m/s. Elles ne produisent qu'entre 11 km/h et 90 km/h.
Par ailleurs, il est inutile d'avoir une éolienne performante pour des vents rares. La vitesse nominale peut cependant atteindre 15 m/s pour les grandes éoliennes sur certains sites. Le choix d'un bon site est donc déterminant.
Ainsi, le fait que la vitesse de "démarrage" de l'éolienne soit supérieure à la vitesse moyenne annuelle des vents ne signifie évidemment pas qu'elle ne tournera jamais, ni même qu'elle ne sera pas rentable ! ...
Sources :
1 m/s = 3,6 km/h
1 Watt= 1 Joule/sec => 1 J (joule) = 1 Ws (Wattsec)
1 kWh = 1000 Wh = 3.600.000 Wattsec = 3.600.000 J
1 kWh = 864 Kcal (= élévation de 1° Celsius de 864 litres d'eau)
1 kWh = 1,359 CH (cheval-vapeur)
Energie d'une masse en mouvement = Energie cinétique (Ec)
= 1 J = ½ { kg * 1 (m/s)2 }
Pa (en W/m2) = 0,5 * 1,225 * v3 (avec v en m/s)
Pmax = 0,363 * v3 (loi de Betz)
P prat = 0,20 à 0,15 * v3
(1) Toute masse en mouvement possède une énergie. L'air est une masse (800 fois plus légère que l'eau). L'air en mouvement (vent) a donc une énergie. Les éoliennes récupèrent une partie (cfr Betz) de cette énergie.
(2) Renseignez-vous sur les trentes dernières années auprès de la station météo la plus proche de chez vous. A titre exemplatif, pourcentage des vents sur l'année
Windindex Westdeutsches Binnenland
La surface sous la courbe 1967-96 = 100 %
La surface sous la courbe 1997 = 94,7 %
La surface sous la courbe 1998 = 113,5 %
La surface sous la courbe 1999 = 109,5 %
(3) A 10 m du sol, les relevés sont trop peu
fiables, vu la présence d'arbres, de maisons, ... . Plus on monte, moins les
relevés sont influencés (favorablement (effet entonnoir) ou défavorablement
(effet rideau)). Les relevés concernent la vitesse, la puissance étant au cube
de la vitesse, l'erreur sera cubique ! Et, au prix de l'éolienne ...
Les relevés se feront à une hauteur double de celle des obstacles environnants
avec un minimum de 30 m; l'idéal étant de faire ces relevés à la hauteur de
l'axe du futur rotor. Voir aussi : Toujours plus haut
(4) La densité de l'air (d) considérée
ici est = 1,225 kg/m3.
En fait, elle varie entre 1,127 kg/m3 à 1,425 kg/m3 (en fonction de
l'humidité, de la température, de la pression atmosphérique), soit 92 % à
116 % par rapport à la densité standard.
Mieux qu'un long discours ...
L'éolienne de :
Voir aussi : Quelques extraits du site de Greenpeace -
France
Voir aussi : L'éolienne de Saint Vith
Je ne suis pas un financier, mais ...
Le coût (en baisse constante) du m² installé est de 390 Euros. Sur 20 ans, à 3,5 % d'intérêt, ces 390 Euros auront doublé (800 Euros). La production de l'éolienne sur 20 ans sera de 12.500 kWh (par m²), ce qui place le kWh produit à 0,064 Euros. Soit 2,5 fois plus cher que le kwh actuellement produit (nucléaire, sans traitement des déchets) mais déjà 2,5 fois moins cher que le kwh actuellement vendu aux particuliers. Non ?
Qui distribue l'électricité ? Les intercommunales ... qui revendent, aux particuliers, 6 fois plus cher l'électricité (nucléaire) achetée ? Les communes ne sont donc pas là de tuer la poule aux oeufs d'or ... ni à délivrer aisément des permis de bâtir ou d'exploiter des éoliennes. Non ?
Une éolienne ne risquerait-elle pas de faire tâche dans leur paysage financier ? ...
Article rédigé par Bernard LEDRU